26 MAI

Nuit réparatrice bien que frigorifique car sans chauffage ! PDJ sous forme de buffet, récupération de nos vêtements laissés à la laverie puis partons prendre notre bus pour Potosi. Nous voyageons en compagnie de quelques étrangers, par l’intermédiaire de la société Emperador, réputée pour son sérieux en matière de sécurité.

Après être sortie d’Uyuni en visualisant des champs couverts d’arbustes sur lesquels s’accrochent des milliers (millions ?) de sacs plastiques, nous empruntons durant une bonne heure de la piste archi-défoncée, avant de rejoindre un route asphaltée. Le trajet est superbe car grimpant au travers de l’Altiplano. Arrêt express de vingt minutes, le temps de manger une assiette de riz avec des boulettes de viande et ognons et nous repartons en enchainant de nombreux virages et montées.

Nous arrivons au terminal de bus de Potosi sur les coups de 15H00, après 5H00 de route. Nous récupérons nos bagages bien poussiéreux, malgré la protection des soutes, puis stoppons un taxi pour nous conduire vers l’adresse repérée dans notre guide. Notre hostal, El Turista, est en plein centre ville, à deux pas de la place principale et de ses nombreux monuments avec vue sur le Cerro Ricco.

Deux heures de pause et nous ressortons pour nos premiers pas en ville et prendre son ambiance. Nous revenons vers 20H00 à l’hostal et nous endormons rapidement.

 

27 MAI

Nous voilà à Potosi, ville classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco et ville de plus de 100.000 habitants, la plus haute du monde : 4.090 mètres d’altitude. Potosi est une ville étalée sur une colline avec un riche passé colonial ou ruelles pavées, maisons aux façades colorées et à encorbellement lui donne un très jolie charme, du moins dans ça partie centrale. Potosi fut à une certaine époque la cité phare des conquistadors Espagnols et élevée au rang de ville impériale (la seule de toute l’Amérique Latine), car lieu d’un fabuleux gisement d’argent. Aujourd’hui Potosi vivote.

Pour les Billaud, qui dit 4.090 mètres d’altitude dit à nouveau froid et à nouveau raréfication de l’oxygène ! La nuit fut donc agitée mais sans commune mesure avec ce que nous avions connu quelques jours plus tôt. Il semblerait que nous commencions à nous habituer à ces hauteurs !

Nous démarrons notre journée tranquillement car notre réveil ne se fait qu’à 8H00 du fait que le froid de la chambre nous incite plus à rester sous la douce chaleur de nos duvets ! Mais il faut bien se jeter à l’eau et c’est bout par bout que nous mettons les pieds en dehors de nos lits. Une fois fait, lavés (Brr !) et petit déjeuner pris, nous sortons vers 10H00 en direction de « La Casa National de La Moneda (maison nationale de la monnaie, en Français). Ce bâtiment est le plus grand et le plus important bâtiment civil colonial des Amériques. La monnaie y fut frappée jusqu’en 1909 sur d’antiques matrices mues par des esclaves, des chevaux puis des machines à vapeur sur la fin.

Via un guide parlant le Français, nous visitons un immense entrepôt aux charpentes et planchers d’origine où figure des engrenages en bois gigantesques et la machinerie des presses, servant à frapper la monnaie. Que d’ingéniosité à l’époque ! Nous continuons par une expo montrant les différentes monnaies Boliviennes et leurs évolutions, une salle où l’argent était coulé, avec les outils d’époque encore présents, une salle archéologique et minéralogique (impressionnantes momies d’enfants et riche collection minérale), pour finir par une salle où sont exposés les différentes utilisations de l’argent à cette époque : vaisselles, objets liturgiques, casques, protections guerrières et éléments décoratifs. Bref, 1H30 de visite ludique et plaisante pour toute la famille.

Douze heures sonnant au clocher de la cathédrale, nous filons vers le Comedor Popular (marché populaire) pour nous restaurer dans une des nombreuses gargotes se situant à l’étage. Nous partageons notre table avec les locaux et y mangeons fort bien pour 29 Bolivianos (3 euros)

Les ventres pleins, nous continuons nos déambulations au travers de Potosi, jusqu’à tomber sur une procession (à la vierge ?) mettant une belle pagaille dans la circulation locale, qui, déjà, l’était pas mal vue l’étroitesse et les pourcentages important des rues !! La ville de Potosi est pleine de vie, il y a des piétons partout, des voitures partout. Un peu plus loin, un grand marché diurne attire notre attention et nous captive durant deux bonnes heures. L’occasion donc d’être au plus prêt des autochtones et d’y voir les différentes habitudes alimentaires et vestimentaires …  Ce marché nous rappelle certains étals d’Asie. La viande est étalée et vendue sans être au frais, les têtes de bœuf sont empilées, les carcasses de moutons itou ! On y vend des fruits secs, des poivrons séchés, du quinoa dans de gros sacs et beaucoup de petites drogueries sont présentes. Au fil de nos pas, le marché se transforme en marché de vêtements : beaucoup de vêtements traditionnels ou de vêtements que nous mettions chez nous il y a 50 ans. L’occasion, aussi, de comprendre, qu’en ce dimanche, nous sommes le jour de la fête des mères en Bolivie, donnant ainsi une explication à nos questions sur le fait que de très nombreuses femmes portaient des petites roses où avaient les cheveux plein de confettis !

Nous revenons à notre hostal pour un break de deux heures avant de ressortir vers 18H30. Fin de soirée classique par la suite. Demain … la mine … !

POTOSI (27)

 

28 MAI

Ce matin, lever tranquille pour toute la famille sauf pour moi, JP, qui part au front dès 8H30, tandis que le restant des troupes prolonge la grâce matinée !

En parlant de front, en fait il s’agit de la visite des mines du Cerro Ricco  de Potosi, poumon économique de la ville. Pour ce faire, j’ai booké, au grand désarroi d’Anne, la veille au soir, via la coopérative des anciens mineurs, l’organisation de la visite d’une des multiples galeries minières que comporte la fameuse  montagne située au dessus de Potosi. C’est dans un petit groupe de 8 personnes que je pars en bus, vers une cabane, où l’ensemble des personnes présentes va être équipés : pantalons de pluie, vestes, bottes, casques avec lampes frontales et sac à dos !!! L’équipement de chacun prend un bon moment. Après l’échange à trois reprise des bottes, car trop grandes, me  voilà d’attaque… avec une légère boule au ventre mais dans un accoutrement qui ne me va pas si mal !!

L’ensemble du groupe part à pied pour le marché des mineurs. Nous pouvons y acheter soit du soda, des feuilles de coca, des cigarettes, de l’alcool à 96°… ou soit des bâtons de dynamite pour les mineurs que nous allons croiser dans la mine !! Notre guide, Pedro, nous montre comment ils manipulent la dynamite : bâton de dynamite, détonateur et mèche… J’achète le tout … sauf l’alcool !

On nous emmène ensuite voir l’usine de traitement des minerais. D’abord concassée, la roche est traitée chimiquement pour en extraire les minerais. Ils utilisent énormément d’eau pour ça. L’usine tourne 24 h /24 quand il y a des roches à traiter. Elles s’arrêtent par manque d’électricité ou autre problèmes techniques.

Nous reprenons le minibus et arrivons à l’entrée de la mine : tous prêts et bien équipés. La mine comporte plus de 200 galeries s’étageant sur une profondeur de 450 mètres soit 17 niveaux. Un groupe de mineurs vient de sortir. Premier contact avec les travailleurs… aux « mines » défaites ! Nous pouvons aussi voir de larges traces de sang sur des murs correspondant aux sacrifices de quelques lamas, en l’honneur du dieu Pachamac, dont la fête était la veille ! Beaucoup de bouteilles d’alcool jonchent le sol, signe d’une grosse fiesta. Du coup ce matin il manque pas mal de mineur à l’appel…

Nous entrons dans la mine : tout est très sombre et une bonne odeur de produits toxiques nous assaille les narines d’entrée…Pas de panique, je suis équipé avec un masque acheté à une certaine époque … pour lutter contre le SRAS !! La seule lumière vient de nos casques. Pas de ventilation et par endroits les galeries sont étayées par un enchevêtrement de morceaux de bois. Nous marchons debout dans une eau bien glauque et sur les rails des wagonnets. Rapidement, il nous faut baisser la tête. Un boyau d’une quarantaine de mètres sur les genoux me fait bien vite comprendre à quoi servent nos casques, car, plus d’une fois, je me cogne la tête au point d’en perdre ce dernier. Souvent le guide s’arrête et nous demande si tout va bien. Tous le monde lui répond que oui !! (ouh, les menteur !!)

Nous nous arrêtons dans une “alcove” où notre guide nous donne quelques info sur la vie des mineurs : Ils travaillent en coopérative ou en tant qu’indépendant mais toujours en équipe. Il y a une organisation hiérarchique dans l’équipe : le plus âgé à plus d’expérience et apporte ses connaissances sur les mines et les plus jeunes apportent leurs bras : leur “ressource humaine”. N’importe qui peut devenir mineur : pas besoin de papier, de diplômes… Mais c’est un métier très dur et très risqué…transmis de génération en génération et pour lequel il refuse le progrès … !

Nous croisons un peu plus loin une équipe qui travaille à l’étage au dessus. Quelques questions par l’intermédiaire du guide, quelques photos et donnons nos «cadeaux ». Bien dérisoire par rapport à leur labeur. Nous escaladons une série de trois échelles, bien perpendiculaires, (obèses s’abstenir !) pour remonter d’environ 50 mètres  afin d’arriver dans une sorte de « carrefour » d’où partent deux veines. Les mineurs sont coincés dans des tout petits trous et tapent avec leur burin. Un coup de marteau puis on tourne le burin, puis un autre coup de marteau. Ceci pendant 3 heures … Cela permet de faire le trou nécessaire pour mettre le bâton de dynamite. Nous mangeons la poussière… Tout le monde commence à tousser… et à se racler la gorge ! A la lumière de nos faisceaux l’on perçoit bien la poussière ambiante qu’avale à longueur de journée ces hommes ! « ça va toujours ? », « Oui, oui … », après quelques secondes de silence ! (décidément tous des menteurs dans ce groupe !)

Au détour d’un boyau, notre guide nous montre aussi le dieu des mineurs : El Tio .Il fait un peu peur et est décoré différemment tous les ans par les mineurs qui lui font des offrandes, pour avoir de la chance, une bonne santé, une protection contre les accidents et pour tomber sur le bon filon. Souvent de l’alcool et des cigarettes voir quelques feuilles de Coca. C’est un coup de chance la mine. On peut creuser des mois ou des années sans tomber sur un taux de minerais élevé et on peut tomber sur le bon filon dès les premières semaines. Ici, on trouve de l’argent, un peu d’or et du zinc.  Avec l’aide de notre guide nous grattons le sol et nous repartons avec quelques caillasses argentées au fond des poches. Bon, pas de quoi devenir riche et remboursé le TDM !!!

Au bout de quelques kilomètres de marche, nous croisons un groupe qui travaille avec de la lumière : des ampoules électriques au mur. Un wagon de deux tonnes de minerais arrive sur les rails. Il est arrêté par un wagon vide et une grosse pierre au sol. Les mineurs déchargent le minerai du wagon et le charge dans des gros sacs pour les faire remonter par un treuil à l’étage au–dessus ou via des brouettes du début du siècle dernier ! C’est le moyen le plus simple pour remonter les pierres. Quel boulot !!!

Après deux heures trente à marcher, grimper ou ramper dans ce labyrinthe de galeries, je suis le premier à revoir la lumière du jour… OUF !!! Ca fait du bien de respirer l’air frais et de voir le soleil !

Quelques mineurs sont à l’extérieur, à récupérer leur souffle … buvant, cul-sec, quelques verres d’alcool à 96°, tout en mâchouillant des feuilles de Coca, qu’ils gardent bien coincées dans le coin de leurs bouches ! (ça donne des forces et coupe la faim, selon eux !). Nous donnons nos dernières offrandes puis serrons quelques mains, avant de redescendre d’une centaine de mètre vers notre bus. Sur le trajet, notre guide, en compagnie d’un de ses « frères », ne peu s’empêcher de préparer un bâton de dynamite et de le faire exploser, après une sorte de danse autour de la mèche en feu ! Ces mecs sont fous… !

Je ressors de cet enfer, après 6 heures de visite, quelques peu désabusé des conditions de travail que supportent ces hommes pour un salaire de misère (200 euros par mois). Salaire,  auquel il faut enlever pratiquement 30%, reversés à la coopérative, afin de lui assurer son emplacement (droit d’exploitation du filon)! A  déduire aussi du salaire, l’achat du matériel (vêtements, bottes, casque, etc.) et de la dynamite …  Espérance de vie ?? 50 ans… voir moins, car la silicose les ronge bien avant cet âge !! Age de la retraite fixée à soixante ans ! Autant dire qu’ils sont peu nombreux à pouvoir la prendre ! Mais la mine fait travailler 6.000 personnes et fait vivre autant de famille. A Potosi, à part la mine…

Je rejoins vers 14H30 Anne et les enfants, qui m’attendent bien sagement après, de leur coté, une matinée shopping souvenirs ! Un sandwich et une demi bouteille d’eau vite avalés et nous prenons la direction de la ville de Sucre, trois heures de route plus au nord de la Bolivie. Trajet que nous faisons au moyen d’un taxi privé, car coût sensiblement identique au bus mais avec le privilège de faire du porte à porte (hôtel à hôtel). Il est 18H30, la nuit tombée, lorsque nous sonnons à la porte de notre nouveau logement pour les trois nuits à venir.

 

 

 

 

 

 

 

 

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